Séance spéciale du film Hors Normes

Le mot de Violette coordinatrice du Nom Lieu :
C’est un film qui parle du métier impossible « d’éducateur » et de rencontres apriori aussi impossibles entre les jeunes dits « jeunes des cités », « délinquants », que certains nomment aussi « racailles », retranchés dans des cités, dit « quartiers prioritaires », dits violents, et les jeunes autistes dits « cas incasables », « handicapés psychiques », qui souffrent « de troubles du lien social », de « troubles du langage », « hors-normes », « violents » aussi, serrés dans des camisoles, retranchés dans des hôpitaux psychiatriques, qui font peur aux soignants pour certains et pour qui les solutions d’accueil manquent cruellement. On voit tout de suite que dans la place et les signifiants que la société leur prête ils ont quelques points communs. Les réalisateurs en ont saisi la richesse et la préciosité à travers la trouvaille institutionnelle de deux hommes, joués avec beaucoup de justesse par Vincent Cassel et Reda Kateb, qui se sont rencontrés grâce à un psychiatre et psychanalyste (comme nous l’apprend le documentaire réalisé par Nakache et Toledano en 2015).
Alors évidemment ça rate, sinon il n’y aurait pas de film, et ça frôle la catastrophe ! (du coup c’est très cinématographique) C’est donc au prix de ces quelques ratages, sans lesquels la rencontre ne pourrait pas se faire qu’il y a des victoires, non quantifiables par les évaluations bureaucratiques imposées aujourd’hui mais saisissantes sur grand écran. Nakache et Toledano, comme dans Intouchables, sont très forts pour montrer à l’écran des univers opposés, des duos décalés avec une justesse d’humour et de drame bien dosé, dont eux-seuls ont le secret.
Dans Hors Normes, il y a un personnage qui ne peut s’empêcher de sonner l’alarme : c’est aussi sa mission il me semble. Ce n’est pas rien que ce soit dans un film, grand public notamment, que cette alarme retentisse et avec un son de cloche particulier et peu entendu dans le discours commun.
En effet, cette alarme ne dit pas « attention, manque d’argent ! » ni « attention, en France on a du retard sur nos pratiques, il y a des méthodes qui viennent des USA ou du Canada ! », l’alarme que l’on semble entendre dans ce film est plutôt la suivante : attention, c’est quand on perd l’humain, quand on passe plus de temps à suivre des protocoles laborieux et à remplir des évaluations qui n’ont aucun sens par rapport à la réalité du terrain, qu’on ne laisse plus la place à l’erreur, à la rencontre, à l’invention, que c’est catastrophique. Alors, merci à Nakache et Toledano d’avoir rendu hommage à tous ceux qui se battent pour préserver un peu de poésie et d’humanité dans leur travail auprès de ces sujets « hors-normes ».

En partenariat avec Radio Campus Bordeaux 88.1

Tarifs habituels (5,5€ pour les étudiants)

🗺️ Cinéma Jean Eustache 🗺️
Place de la 5ème République, 33600 Pessac

🚏 Tram B – arrêt Pessac Centre
🚏 Bus 4, 24, 35, 44, 87 – arrêt Pessac Centre
🚏 TER – gare SNCF de Pessac

Pour toute question 🎀 : victor.cine.pessac@orange.fr